Voie de Succes pour L’eglise en DR Congo: 56 Ans D’Existance de Communautes Ecclesiales Vivantes de Base (CEVB)

 

 

1.                 Introduction

            Très attentif aux signes des temps et prenant acte d’une évangélisation sans un approfondissement de la foi des chrétiens, d’une transplantation institutionnelle inadéquate aux tempéraments des populations intéressées et de l’intensification des œuvres sociales sans rayonnement évangélique, l’Episcopat congolais, réuni en 1961, s’est résolu d’innover son action pastorale (Cf. Actes de la VI e Assemblée Plénière de l’Episcopat du Congo, pp. 36-38). Ceci pour l’objectif de : -enraciner profondément la foi en Dieu et l’Evangile du Christ dans le vécu quotidien du peuple congolais, – promouvoir la vision et le sens de l’Eglise communauté des croyants, plus proche de la culture locale et susceptible d’asseoir la conscientisation et la participation de la population à un développement communautaire, – former des hommes et des femmes responsables, acteurs et animateurs au sein des communautés chrétiennes et de favoriser ainsi la promotion du laïcat, -amener le peuple de Dieu a la prise en charge progressive de ses responsabilités face aux problèmes sociaux à la lumière de l’Evangile, et l’aide mutuelle dans tout.

           

De 1961 à ces jours, cette option pastorale a fait un long chemin au cours duquel elle s’est effectivement concrétisée dans les différentes Eglises diocésaines, donnant naissance à des communautés Ecclésiales Vivantes (CEV) ou Communautés Ecclésiales Vivantes de Base(CEVB) selon les milieux. Cinquante-trois ans après, l’heure est à l’évaluation  de ces communautés, en vue de leur redynamisation.  Une question se pose alors à ce niveau. Sur quel fondement biblique s’appuient les CEV ? En quoi la Bible, source d’inspiration de toute action pastorale, peut-elle servir de fondement à la pastorale des CEV?

2.                 Fondement Bibliques de Création de CEVB au DR Congo

            La réponse à ces questions posées ci-dessus peut être recherchée dans les lettres pastorales de Pierre, de Paul et des autres Apôtres qui retracent en grands traits la physionomie de l’Eglise en ces débuts. Cependant c’est dans les Actes des Apôtres ou saint Luc raconte la vie de la première communauté  chrétienne de Jérusalem que s’enracine cette option pastorale. Ces textes ci-dessous nous éclairerons davantage.

2.1 La Relecture des Actes des Apôtres 2, 42-47

           

Cet extrait des Actes des Apôtres offre un éclairage éloquent à l’expérience des CEV. Il convient de lire ce texte pour en tirer la richesse. « Ils étaient assidus à l’enseignement des apôtres et à la communion fraternelle, à la fraction du pain et aux prières. La crainte gagnait tout le monde : beaucoup de prodiges et des signes s’accomplissaient par les apôtres. Tous ceux qui étaient leurs propriétés et leurs biens, pour en partager les fruits entre tous, selon les besoins de chacun. Unanimement, ils se rendaient chaque jour assidument au temple, ils rompaient le pain à domicile prenant leur nourriture dans l’allégresse et la simplicité de cœur. Ils louaient Dieu  et trouvaient un accueil favorable auprès du peuple  tout entier. Et le Seigneur adjoignait chaque jour à la communauté ceux qui trouvaient le salut ».

            Ce passage fait partie des trois sommaires (Ac 2, 42-47; 4, 32-35; 5,12-15) constitués à dessein par saint Luc, auteur des Actes des Apôtres, pour décrire en condense la physionomie de la première communauté chrétienne de Jérusalem. Selon une note explicative du passage, ces trois résumés présentent des éléments communs et  des affinités de structures qui invitent à les considérer ensemble. Chacun d’eux met l’accent sur un thème en rapport avec le contexte et insère un bref rappel des autres thèmes. Ainsi le premier raccourci, tout en insistant sur l’unité et le rayonnement de la communauté, annonce le partage et la mise en commun des biens et l’activité miraculeuse des apôtres par la puissance de l’Esprit Saint.

2.2 La Communauté Chrétienne de Jérusalem et ses Piliers

           

Chaque communauté d’hommes se constitue autour d’un objectif ou d’un idéal à atteindre. A la pentecôte, le don de l’Esprit a été l’élément décisif qui a rassemblé des disciples du Christ au lendemain de l’évènement pascal. Loin d’être un club d’amis, les disciples ont formé une communauté de foi, ouverte à l’échelle mondiale. Grace à la prédication de Pierre centrée sur la résurrection du Christ (Ac 2,36) et à l’écoute  assidue de la parole, le petit noyau des disciples s’est constitué progressivement en devenant une communauté d’action, de mise en œuvre de la Parole, de vie fraternelle et de partage. En décrivant cette communauté, Luc y a décelé quatre éléments intrinsèquement unis les uns aux autres : la Parole qui rassemble les disciples vivant dans une communion fraternelle, enracinée dans la fraction du pain et s’exprimant dans le partage des biens.

           

Au-delà de Jérusalem de nouvelles communautés chrétiennes vont vu le jour au fur et à mesure que l’Evangile  a été annonce et accueilli dans le monde. Elles se sont constituées sur le même modelé que la communauté chrétienne originelle et refléter les mêmes caractéristiques que cette dernière. On peut ici penser aux communautés nées  a  Antioche, Corinthe, Ephese, Rome ou l’annonce et l’écoute de la Parole de Dieu n’ont cessé de susciter la foi, la charité, la communion fraternelle entre les nouveaux croyants.

3.                 Des Communautés Originelles aux Communautés Chrétiennes Vivantes D’aujourd’hui en DR Congo

            Au fil des siècles, les communautés chrétiennes des origines, nées au départ comme de petits noyaux de ceux et celles qui suivaient la voix, ont la suite subi des transformations profondes. Tout en gardant leur identité et leurs caractéristiques d’antan, elles sont devenues de grandes communautés, des églises, aux dimensions paroissiales, diocésaines, provinciales, nationales et continentales. Dans ces ensembles plus ou moins élargis, certains de leurs aspects typiques n’ont plus été pleinement vécus ni avec l’intensité voulue. D’un lieu à l’autre, d’une époque à l’autre, l’assiduité a la Parole et à l’enseignement des Apôtres s’est amoindrie, la fraction du pain et les prières, la communion fraternelle et le partage des biens sont devenus peu expressifs. L’admiration qu’attirait le témoignage de vie des premiers chrétiens a été parfois mise à dure épreuve.

            Dans le contexte pastoral propre à l’Eglise en DR Congo, l’Episcopat congolais a constaté qu’il y avait un hiatus entre l’annonce de la Parole de Dieu et le vécu quotidien, entre l’établissement institutionnel de l’Eglise et l’éclosion d’une Eglise enracinée localement, entre l’évangélisation et l’approfondissement de la foi. C’est pourquoi, en 1961, juste après l’indépendance, en guise de remède et fidèle à la fois à la tradition ecclésiale et au patrimoine culturel africain, il a levé l’option pastorale de créer des « communautés chrétiennes vivantes ».  L’année 2011 en marque le premier cinquantenaire de leur expérience. (Cf. Conférence Episcopale Nationale du Congo, CENCO, Evaluation et Redynamisation des communautés Ecclésiales Vivantes 50 Ans Apres, p.15).  Dans ce document, l’Episcopat congolais reflète amplement la double fidélité à la tradition ecclésiale et à la culture africaine, si bien qu’on y retrouve les caractéristiques de la première communauté chrétienne en interaction avec les éléments traditionnels de la culture locale.

            Aussi peut-on lire, la communauté ecclésiale vivante, expression officiellement retenue après l’expérience de cinquante-six ans d’existence des communautés chrétiennes vivantes, « doit devenir davantage le lieu de l’écoute de la Parole de Dieu, de la prière, de la solidarité et du partage, d’apostolat envers les malades, les éprouvés de tout genre, et de la prise en charge matérielle du milieu de vie » (Cf. CENCO, Directoire sur la nouvelle évangélisation et la catéchèse dans la perspective de l’Eglise Famille de Dieu, p.12.). Par ailleurs, elle doit être le lieu de la promotion humaine intégrale, de la palabre pour la réconciliation et de croissance d’une Eglise Famille, ou les membres vivent l’amour du Christ dans une vraie communion fraternelle et se sentent effectivement responsables au sein de la même communauté.

    

Frère Jean Baptiste Katembo Kanzakohe, CRM

De l’Ordre de Clercs Réguliers Mineurs (CRM)

Pères Caraccioli à DR Congo

Résidant dans Paroisse de Kamole, l’Archidiocèse de Bukavu, DR Congo

jbkanzakohe@yahoo.com

Octobre, 2017

Par Jean Baptiste Katembo Kanzakohe

 

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